Ferron, Marcelle
Marcelle Ferron naît à Louiseville, en 1924, dans une famille aisée. Elle n'a que sept ans lorsque sa mère meurt. Son père, notaire de profession, choisi une éducation très ouverte pour ses enfants. Ainsi, garçons et filles sont sur un pied d'égalité. Ils profitent de l'air pur de la campagne et développent auprès de leur père, une pensée libre qui en fera des personnes très indépendantes et engagées dans la transformation de la société québécoise des années 1940. De santé précaire, Marcelle Ferron fera des fréquents séjours à l'hôpital. Néanmoins, elle y forgera son caractère indépendant, sa fougue et son franc-parler. Après ses études collégiales, Marcelle Ferron s'inscrit à l'École des Beaux-Arts de Québec. Cependant, elle abandonne sa formation avant la fin de ses études, insatisfaite des réponses que l'on apporte à ses questions sur l'art moderne. Après quelque temps, elle se marie et a trois enfants. Elle rencontre Paul-Émile Borduas, qui lui enseignera la base de la peinture automatiste. À son invitation, elle se joint en 1946 au groupe des automatistes. Elle est l'une des plus jeunes artistes à signer le Refus global de 1948 et aussi, l'une des dernières à se joindre officiellement au groupe. Après quelques expositions, Marcelle Ferron commence à se faire remarquer dans le monde des arts. Vers 1953, le groupe des automatistes s'effrite tranquillement. Ferron fait alors des grands changements dans sa vie. En fait, elle quitte son mari, René Hamelin et part en France avec ses trois filles à qui elle veut donner une éducation laique. Elle y passera 13 ans de sa vie. Ce sera une période très fertile pour l'artiste, elle séduit les galeristes, pose les bases de sa carrière de peintre, se fait remarquer par des personnes influentes dans le domaine des arts en France, dont Herta Wescher qui la prend sous son aile. C'est en artiste reconnue internationalement qu'elle revient au Québec. Sa rencontre avec le verrier Michel Blum marquera un tournant dans sa vie. Le travail du verre lui permettra de d'explorer à fond la lumière et les couleurs qui constituent déjà le fondement de sa peinture. Déterminée, elle s'associe à la firme Superseal de St-Hyacinthe et, en collaboration avec une équipe d'ouvriers, met au point une méthode permettant de construire des murs de lumière en insérant des plaques de verre ancien entre deux parois de verre, les parois étant réunies entre elles par des joints invisibles. Elle se consacrera au travail du verre pendant les sept années qui suivront. Sa première réalisation est une murale pour l'Expo 67, mais celle qu'elle a créée pour la station de métro Champ-de-Mars la fera connaître et apprécier par tous les Québécois. D'ailleurs, plusieurs édifices s'enrichiront de ses verrières. Entre autres, le Palais de Justice de Granby, l'hôpital de Trois-Rivières et plusieurs églises et édifices gouvernementaux. C'est une période est riche en recherche, en expérimentation et en engagement social. Au même moment, Marcelle Ferron enseigne l'architecture et l'art à l'Université Laval. Marcelle Ferron revient à la peinture en 1985. Comme elle l'a souvent dit, elle ne peint pas pour les collectionneurs, elle peint par amour et par nécessité. Elle a reçu plusieurs distinctions importantes. En fait, elle est la première femme à recevoir le prix Paul-Émile Borduas, elle a également reçu la décoration de l'Ordre national du Québec et, en 2000, elle a été nommée Grand officier de l'Ordre national du Québec. Mentionnons aussi que Ferron a remporté la médaille d'argent de la Biennale de Sao Paulo, au Brésil en 1961, unique prix gagné par une Québécoise. Audacieuse, téméraire et dévouée à son art, elle en a assumé et dépassé les contraintes. Elle a contribuée aux recherches en arts appliqués dans le domaine de l'architecture au Québec par son travail de verrière. Sa vie de peintre, ses prises de position politiques et sociales en font une artiste incontournable dans notre paysage culturel. Marcelle Ferron est décédée en 2001 à l'âge de 77 ans.