Fortin, Marc-Aurèle
Marc-Aurèle Fortin est né le 14 mars 1888 à Sainte-Rose, au Québec. Il vient d'une famille aisée. Son père était avocat et conseiller juridique. Sa mère était femme au foyer. Ainsi, issu d'une bourgeoisie catholique, cette famille ne crois pas qu'une carrière d'artiste peut constituer un mode de vie souhaitable. Toutefois, l'enfance de Fortin se déroule paisiblement.
La famille Fortin emménage à Montréal au début du siècle. En 1903, Fortin alors âgé de quinze ans, fréquente l'Académie catholique de Montréal. Son intérêt pour l'art ne cesse de grandir. Vers la fin de 1904, Fortin poursuit ses études à l'école du Plateau, au Monument national sous la direction des peintres Ludger Larose et Edmond Dyonnet.
Son père désapprouve cet intérêt. Brusquement, à l'âge de seize ans, il quitte les bancs d'école pour le travail. Il en retire un salaire misérable. Durant l'été 1905, père et fils arrivent à un compromis. À dix-huit ans, Fortin obtient le diplôme de commerce tant souhaité par son père. Il quitte Montréal en 1907 pour rejoindre son frère à Edmonton.
En 1909, Fortin part aux États-Unis pour poursuivre son étude de la peinture. Il s'installe à Chicago et fait quelques séjours à New York. Son régime alimentaire déficient et la vie agitée de Chicago réveillent sa disposition héréditaire au diabète.
De retour au Québec en 1912, Fortin souhaite se consacrer entièrement à son art. Il va vite comprendre que "Hélas, au Canada, la poésie et l'art ne nourrissent pas leur homme". Cependant, il continue à peindre pendant ses temps libres. Dans les années 1920, la démarche artistique de Fortin se confirme. Jusqu'alors, il était à la recherche de son propre style pictural. Avec l'apparition des premiers grands ormes, il vient de trouver son leitmotive, le grand thème de sa carrière.
À partir de 1922, Marc-Aurèle aura droit à sa pension ce qui, en réduisant au strict minimum ses dépenses essentielles, lui permettra enfin de peindre à tous les jours et d'assurer une continuité dans son travail. Vers cette même époque, apparaissent ses aquarelles lyriques aux arbres troués. En 1935, après un voyage en France, Fortin revient au pays marqué par une certaine influence Fauviste. En fait, les couleurs deviennent intenses et vibrantes.
Marc-Aurèle Fortin, fort de son esprit vagabond et innovateur, conçoit et essai différentes techniques. Il peint sur fond gris ou noir pour intensifier les contrastes, expérimente l'aquarelle rehaussée de crayon et de pastel à l'huile et, plus tard, il découvrira la caséine (détrempe de lait) d’où il tirera des effets saisissants d'une vigueur tonale éblouissante.
En 1940, Fortin entre à la Galerie l'Art Français. Habillé comme un clochard, il se présente comme peintre. Sous le regard étonné de madame et monsieur Lange, il promet de revenir avec quelques tableaux. Ce fut le début l'une longue collaboration entre l'artiste et la galerie. En fait, en 1942 il sera reconnu par l'Académie royale canadienne des arts. Le peintre est alors âgé de cinquante-quatre ans.
Au seuil de la soixantaine, la maladie l'accable. Ses jambes faiblissent et il doit se résigner à abandonner ses vagabondages. Désormais, la vie lui fera sentir le poids de sa solitude. C'est ainsi qu'à la fin septembre 1949, il se présente devant le curé de Sainte-Rose en compagnie de Gabrielle Goyette. Il veut être marié sur le champ.
En 1954, son diabète s'aggrave. Le 24 février 1955, Fortin doit subir l'amputation de la jambe droite. Malheureusement, les choses ne s'amélioreront pas pour l'artiste. Au cours des années qui suivront, il sera exproprié de sa résidence de Sainte-Rose, verra sa jambe gauche également amputé et, à la fin de sa vie, il souffrira de cécité. Marc-Aurèle Fortin meurt le 2 mars 1970 au sanatorium de Macamic en Abitibi.